Le village du Charnoy (lieu
planté de charmes) - une cinquantaine de maisons
- dominait la Sambre jusqu'au XVIIe siècle.
Il dépendait du Comté de Namur (Pays-Bas
espagnols) et était occupé depuis la
préhistoire et signalé dans un document
de l'Abbaye de Lobbes dès le IXe siècle.
Sa situation de domination sur la Sambre face à
la ville fortifiée de Châtelet, liégeoise
(à 7 km), attire l'attention du marquis de
Castel Rodrigo, gouverneur des Pays-Bas pour le jeune
roi d'Espagne, Charles II. Reprenant une idée
de Charles-Quint, il décide d'y établir
une forteresse. C'est au printemps 1666 que les travaux
commencent ; en septembre, le gouverneur baptise
la place du nom du roi : Charles II ; c'est
ainsi que Charnoy devient Charleroy.
Le 31 mai 1667, les armées de Louis XIV, sous
le commandement de Turenne, mettent le siège
devant la forteresse en construction. Les Espagnols
fuient. Sur l'ordre du roi, que cette victoire rapide
enchante, Vauban achève les fortifications.
Six bastions défendent la ville haute, le cour
de la forteresse : le Roy, le Dauphin, d'Orléans,
Turenne, les Gardes et Montal (les rues qui donnent
accès à la place portent aujourd'hui
encore ces noms, sauf le Roy, remplacé par
« rue de France »). Le comte
de Montal est nommé gouverneur.
Afin de peupler la ville que la paix d'Aix-la-Chapelle
a attribuée à la France, Louis XIV,
sur le conseil de Louvois, offre des privilèges
aux nouveaux occupants : le terrain offert gratuitement,
prime à la construction, tandis qu'un pont
est jeté sur la Sambre et que des foires et
marchés sont organisés dans l'enceinte.
En 1673, Louvois lui-même plante les piquets
traçant, sur le territoire de Marcinelle (sur
la rive droite, c'est-à-dire en terre liégeoise),
toute une autre ville commerçante qui deviendra
la ville basse, ses habitants jouissent des mêmes
privilèges que ceux de la ville haute ;
entre les deux, un 3 e quartier : l'Entre-deux-Ville.
La ville est assiégée à plusieurs
reprises par les Hollandais puis cédée
à l'Espagne après le traité de
Nimègue, elle est reprise ensuite par Vauban.
La France en effet ne se résigne pas à
perdre la place qui verrouille Sambre et Meuse et
représente un poste avancé vers Bruxelles.
Prise et reprise, elle passe aux Castillans au traité
de Ryckswijck, retourne à la France, est occupée
par les Hollandais puis cédée à
l'Autriche par le traité de Bade. Elle est
reprise par le prince de Conti en 1745. Finalement
elle est rendue à l'Autriche en 1748 mais une
clause secrète exige le démantèlement
des fortifications. Cela va donner 45 ans de prospérité
et de calme à la ville. Joseph II va ainsi
lotir certains terrains où étaient précédemment
établis les ouvrages fortifiés. L'ancienne
chapelle Saint-Louis sur la place d'Armes est devenue
en 1777 l'église Saint-Christophe et, en face
d'elle, l'ancien quartier de cavalerie de Vauban est
transformé en maison de Ville.
Dès la fin du XVIIe siècle, des « industriels »
des environs vont s'installer en ville. Ainsi la famille
Deshandrouins qui exploite des verreries à
Lodelinsart, des moulins à Charleroi, modernise
le travail dans les houillères et installe,
en 1725, la première « machine à
feu ». C'est aussi dans la région
de Charleroi que seront érigés les premiers
hauts-fourneaux Dès cette époque trois
domaines industriels se partagent la production :
le verre, le charbon et la métallurgie.
En décembre 1790, c'est la révolution
brabançonne ; l'armée insurgée
entre en ville ; c'est le début d'une
nouvelle période de troubles guerriers :
les Autrichiens occupent la ville le 25 décembre ;
ils cèdent la place aux vainqueurs français
de Jemappes avant de la reprendre en mars 1793. Charleroi,
dès l'arrivée des Français, a
proclamé sa sécession du Comté
de Namur. Elle demandera plus tard, alors qu'il est
question de créer les États-Unis de
Belgique, d'être plutôt rattachée
directement à la France. En 1794, le général
Charbonnier - qui a incendié les abbayes de
Lobbes et d'Aulnes - met le siège devant la
ville. Il est d'abord repoussé. Puis Jourdan
, envoyé par le Comité de Salut public,
arrive, pour prendre le commandement de l'armée
de Sambre et Meuse. Il traverse la Sambre , place
ses troupes dans la plaine de Fleurus, encerclant
ainsi Charleroi. La ville, après 6 jours de
bombardements intensifs, tombe le 25 juin, deux jours
avant la victoire de Fleurus. Il est à noter
que c'est pendant cette double bataille qu'on eut
recours pour la première fois à l'observation
aérienne d'un champ de bataille.
La ville qui a changé plusieurs fois de noms
depuis Jemappes (Char-sur-Sambre, Charles-sur-Sambre)
est rebaptisée le 25 juin 1794, Libre-sur-Sambre
- elle gardera ce nom révolutionnaire jusqu'au
8 mars 1800 - et est intégrée au département
de Jemappes (Hainaut actuel).
Le 15 juin 1815, Napoléon est accueilli avec
enthousiasme par la population très francophile
mais retombée sous la puissance hollandaise.
La bataille n'est pas très rude mais l'empereur
y perd son aide de camp le général Letort.
Il passe les troupes en revue à la ville haute
et rencontre Ney qui doit diriger les opérations
de l'aile gauche au-delà de Gosselies Il passe
la nuit à Charleroi puis dirige l'aile droite
vers Ligny où l'empereur remporte sa dernière
victoire le lendemain, 16 juin.
Quarante-huit heures plus tard, la ville recueille
les débris de la Grande Armée ;
le 19 à 5 heures, Napoléon lui-même
est en ville avant de continuer vers Paris.
La ville, comme le pays, se retrouve hollandaise ;
les nouvelles autorités élèvent
de nouveaux murs contre la France ; pendant 50
ans, Charleroi en restera prisonnière sur une
superficie extrêmement étroite.
Après la révolution de 1830, à
laquelle la population a pris une part active, l'activité
économique se développe grâce
l'essor des industries anciennes et à l'installation
de nouvelles productions ainsi qu'à la multiplication
des voies de communication. La ville devenant trop
étroite, la démolition des remparts
est décidée en 1867 ; elle s'achèvera
en 1871. Les patrons des industries voisines choissent
ces nouveaux terrains sur des boulevards arborés
pour y établir leurs logements dans des hôtels
à l'architecture moderne. C'est une époque
où la ville deviendra la 2 e plus riche du
pays qui était lui-même, la 2 e puissance
industrielle du monde après l'Angleterre. Le
charbon, la métallurgie, le verre, les constructions
électriques, la Soude Solvay, les grands magasins :
nombres de grands entrepreneurs viennent de Charleroi
ou s'y sont établis.
Charleroi, connaîtra encore, au cours de la
première guerre mondiale des batailles féroces
pour la possession des ponts sur la Sambre.
Après la 2 e guerre mondiale, malheureusement,
ce sera le déclin économique lié
à la chute de l'industrie lourde.
Aujourd'hui, Charleroi est la ville la plus peuplée
de Wallonie (par l'adjonction de 14 communes voisines)
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